J’ai commencé le challenge du novembre végane avec l’idée que ce mois serai propice à la réflexion sur mon mode d’alimentation. J’en suis arrivé à la conclusion que le véganisme n’est pas la meilleure solution. D’ailleurs j’ai un regain d’intérêt pour la viande comme jamais après cinq ans de flexitarisme. Comment ai-je pu en arriver-là ? Rétrospective sur ce mois particulier.
Première semaine de novembre. On s’est lancé en couple dans ce challenge du mois végane. Comme on n’achète pas de viande et qu’on en consomme qu’à l’extérieur, ce n’est pas un gros bouleversement. On va dire plutôt une adaptation. Qui commence par un revers. Le premier jour, que dis-je, le premier repas, notre premier petit-déjeûner végétalien n’en était pas un. Non ce n’est pas la faute au porridge-banane-sirop d’érable-lait végétal. Non, j’ai mis du miel dans notre infusion à la sauge. Catastrophe, je n’ai pas pensé aux abeilles, pardon les abeils, je ne mangerai pas de votre miel. OK ce challenge sera plus corsé que prévu. Même pour le type qui se targue d’organiser des repas végétariens depuis cinq ans.
La première semaine a été la plus éprouvante pour l’estomac et les papilles. Il a fallut réinitialiser notre carte mémoire gustative. Inconsciemment, nous avons été en manque de gras, celui qu’on trouve dans les pâtisseries de 10h, les croûtes au fromage ou les gâteaux d’anniversaire. Ce n’est pas que nous manquions de nourriture mais probablement désorienté. Du coup, la première semaine, on s’est envoyé un paquet de chips provençale et trois paquets de chips paprika lorsqu’on s’est rendu que c’était vegan friendly.
Et après ça nous a passé. Deuxième semaine, c’est la pleine forme. J’ai une envie de bougeotte, d’aller courir et me dépenser. L’après-midi, je n’ai pas l’effet de somnolence comme habituellement. Il faut dire qu’on amène à présent nos Tup’ au lieu de manger à l’extérieur. Au restaurant, on mange toujours trop. On nous a inculqué de finir notre assiette, car tu sais, pendant la guerre… sans nous poser la question si aujourd’hui la ration correspond à nos besoins énergétiques. Bref, c’est chouette cette énergie renouvelée. Sauf le soir. A quelques reprises, j’ai senti une grosse fatigue, contrastant avec la pêche de la journée. Et surtout une dégradation de l’humeur, sans raison apparente. Une envie d’être seul et de ronchonner dans son coin. Et puis ça aussi, ça a passé.
On a déjà passé la moitié du mois, le temps file vite ! J’ai organisé un Reggie’ Monday sur la nutrition avec Bastienne Mercier, un atelier pâtisserie végane avec Andonia et on a transgressé les règles pour l’événement imitation en mode végé vs végane. La mousse au chocolat au jus de pois chiche était divinement aérienne.
On dirait qu’on a pris le pli. Mais une pensée me turlupine. Je trouve que notre alimentation est trop orientée sur les céréales. On mange du blé ou du riz à quasiment tous les repas. J’ai envie de manger plus de légumes. Pourquoi faire ce défi en novembre ? Alors qu’il aurait été plus simple de le relever en mai ou juin avec le regain de crudités. Je commence à lire le « Mythe végétarien », et voilà que je remets en question tout ce que j’ai cru savoir sur l’alimentation, l’écologie, l’agriculture et l’élevage animal.
Lierre Keith, l’auteure de ce livre, est féministe, écologiste et végétalienne. Ou l’était, avant de douloureusement faire la paix avec ses convictions pour se remettre à manger des animaux. Elle classe les végétariens en trois catégories : éthiques, politiques et nutritionnistes.
Je ne vais pas me pencher sur les arguments éthiques, car chacun a son code moral à ce sujet. J’écoute et respecte aussi bien les points de vue des antispécistes que de leurs contradicteurs. A titre personnel, je me positionne contre les conditions d’élevage industriel, la maltraitance et la souffrance animale. Et pour la préservation de notre planète et de ses habitants.
Un des points le plus intéressant du plaidoyer de l’auteure porte sur les conséquences de l’agriculture intensive sur la planète. Cultiver des céréales, c’est-à-dire des monocultures annuelles, porte gravement atteinte à l’environnement : séquestration de terres sur l’écosystème naturel, irrigation asséchant le flux des rivières et les nappes souterraines, usages d’engrais et de pesticides basés sur la pétrochimie, appauvrissement de la biologie et érosion des sols. Le comble étant ensuite de nourrir le bétail avec ces céréales. Ce système est un désastre éthique, écologique et nutritionnel. Tandis que les prairies contiennent des milliards de tonnes de végétation que nous ne pouvons pas consommer. De nature, les êtres humains et les ruminants ne sont pas en compétition pour le même repas. Ces derniers participent à entretenir l’écosystème lorsque les conditions sont réunies. En Suisse, la majorité des surfaces agricoles sont des pâturages. En ça, on a un peu tendance à le négliger lorsqu’on est végétarien.
Un autre point qui m’interpelle porte justement sur la consommation de ces céréales. Dans l’histoire de l’humanité, de l’homo sapiens à l’homo erectus, nos ancêtres se nourissaient de tout, sauf de céréales. Ca ne fait que depuis 10’000 ans et l’invention de la sédentarisation, ou de l’agriculture (l’œuf ou la poule), que l’homme a commencé à manger des graminées. D’après les sources citées dans ce bouquin, on attribuerait les maladies dégénératives tel que cancers, diabètes, sclérose en plaques à l’excès de glucide et des aliments raffinés qui vont avec. Notre corps ne serait pas fait pour manger autant d’amidon et de sucres, comme je l’ai fait ces derniers temps. Je n’ai pas réussi à avoir une alimentation équilibrée durant ce mois végétalien. Et une nuit, j’ai rêvé de poulet grillé.
Avec ceci j’avoue être un peu désorienté. Je sens que je ne vais pas m’orienter vers un régime constitué exclusivement de végétaux. Ou plutôt, j’ai envie d’augmenter la proportion de légumes et baisser la proportion de féculent et d’aliments rafinés. En complément, lorsque j’ai envie de manger des protéines animales, j’ai envie d’avoir des certitudes. De ne manger de la viande, du fromage ou des œufs en sachant que ces animaux ont eu une vie décente et qu’ils aient été nourris au pré. Finalement, il m’est plus important que l’agriculture respecte la terre, l’eau et l’air.
Beaucoup de personnes souhaitent que le monde change mais peu sont prêts à changer eux-mêmes.
Mon avis est qu’il faut rester à l’écoute de son corps et de ses valeurs. Même, et surtout si celles-ci évoluent en cours de route. Savoir se remettre en question, c’est éviter l’arrogance. Qu’en penses-tu, cher lecteur ?
Vraiment d’accord avec toi… et oui, c’est pas facile. Je n’ai pas l’intention, comme toi, d’avoir une étiquette, mais l’expérience d’essayer de manger plus ou vraiment moins de viande, ça, je suis en plein dedans. Pas facile. Beaucoup de resto ont très peu de repas vegan, et c’est souvent pas des portions top. Bref soit t’est frustré, soit tu as encore faim… ma démarche est différente de toi, car j’evite au maximum les produits transformé et je privilégie le cru. Bref je pense arriver actuellement à un 60/70% de cru, avec Quasi pas de gluten ou lactose. Beaucoup de smothie, de fruit, de salade, des oléagineux et un peu de riz parfois. C’est super intéressant d’essayer d’exclure des aliments, car c’est là que tu vois que c’est pas si facile dans notre monde « normalisé » 😉 heureusement le monde évolue un peu 😊 salutations Regis
Merci Régis d’avoir pris le temps autant de l’expérience que de la remise en question et de le partager en toute honnêteté ! Pour ma part je fais un mix entre l’écoute de mon corps, le respect de la pyramide alimentaire à l’échelon de la journée et sur plusieurs jours, le bio quand c’est possible, réduire les quantités ou éviter de se resservir plutôt que de se priver d’un aliment, et la viande moins mais mieux. Meilleurs messages et amitiés, Yannick